HIMACHAL PRADESH, KINNAUR, SPITI

La province de l’Himalaya, lieu de prédilection des amateurs de montagnes, d’extrême, de sensations rudes…c’est là que aventuremoto a établi à une époque sa base physique, à la crêperie de Naggar, 1850m, près de Manali, point de départ de la route du Ladakh et du Spiti-Kinnaur, la fameuse route Hindoustan-Tibet.  C’est dans cette région aussi que s’est établi le Dalaï-Lama, à Dharamsala. Une de nos destinations favorites du nord de l’Inde. Départ des expéditions depuis Chandigarh ou Naggar, selon le temps imparti. Nous évitons dorénavant Shimla et ses embouteillages, au profit de petites routes de montagnes pittoresques et presque désertes.

Hanuman, Himachal
Hanuman, Himachal

Ci-après un papier que j’ai oublié d’envoyer à une revue de moto en 2000, ça donne un aperçu de l’ambiance et des conditions locales; ce n’était cependant pas un circuit, mais une reconnaissance. Nous y sommes passés 3 fois sans encombres en 2001, sauf en mars, ou nous fûmes bloqués 3 jours à Kaza par la neige, et avons dû rebrousser chemin.

On the road to Ladakh
On the road to Ladakh

Début juin à Shimla, capitale de l’Himachal Pradesh, au nord de l’Inde ; trois mois que nous sillonnons les routes du sous-continent sur nos Royal Enfield Bullets 350cc, légendaires motos léguées par l’Empire Britannique dans les années cinquante, et toujours fabriquées à Madras.  Après un tour au Rajasthan (voir le Carnet de route de Laurent Pérey dans la revue ‘VOYAGER’  de septembre 2000), nous sommes en route pour le LADAKH, par le chemin des écoliers : la vieille route Hindoustan-Tibet, 300km dans les contreforts de l’HIMALAYA en frôlant la Chine, avant d’attaquer le vif du sujet, la route Manali-Leh, deuxième plus haute route au monde, 500km dont plus de 200km entre 4000m et 5500m (la plus haute est au Ladakh, juste au Nord de Leh, culminant à 5620m).  Mais pour l’instant nous n’en sommes encore qu’aux hors-d’œuvre, le ‘tour du pâté de maisons’ ironise Eric, qui projette de remonter en France avec son Enfield  modèle 1966 ; la suite lui prouvera que le ‘pâté’ n’est pas de la tarte…

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Premières étapes tranquilles dans des paysages magnifiques, petites routes de montagne tortueuses, nos premiers aperçus des sommets enneigés au loin, la circulation, démentielle depuis Delhi, retrouve un mode plus convivial, un petit coup d’avertisseur pour doubler les camions, ils se rangent dès que possible et nous laissent passer avec de sonores échanges de salutations ; j’essaierai cette technique à mon prochain dépassement en France…  Au-dessus de Rampur, nous empruntons une piste de montagne pour rejoindre Sarahan et son temple dédié à une variante locale de Kali ; les sacrifices humains y ont cessé depuis longtemps, maintenant c’est au tour des chèvres de perdre la tête, chacun ses coutumes… et ces montagnards sont si souriants, accueillants, que nous multiplions les haltes pour prendre un thé dans les ‘chaï shops’ (salons de thé ;+) des villages traversés.

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Chaï shop, salon de thé…

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Sangla – Chitkul

   

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Chitkul, hameau magnifique perché au bout d’une petite route transversale ; les habitants nous accueillent avec plaisir dans leurs maisons en bois sculpté, car notre arrivée coïncide avec le retour de Mata Devi, la déesse locale ; elle rentre d’un pèlerinage au-delà des cimes enneigées à Badrinath, où réside son ami le dieu Vishnou ; ce soir tout le village fête donc ce retour ; Mata Devi sur son palanquin rend d’abord visite aux autres dieux du village, Krishna, Shiva et le temple bouddhiste (on n’est pas sectaire par là-haut), avant de présider à une soirée dansante bien arrosée.  Nous resterons une semaine dans ce village paisible et amical ; difficile de faire autrement d’ailleurs : la mousson est en avance et la seule route a été coupée en cinq endroits. 

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Chitkul
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Chitkul
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Féroces indigènes
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Spiti valley

Nous quittons enfin Chitkul pour Sangla, quelques kilomètres de gués plus bas ; premier gros barrage, plus de route, un ravin béant la remplace sur une cinquantaine de mètres ; on m’annonce un délai de deux semaines avant la reconstruction ; j’embauche sept porteurs qui nous passent les motos en moins d’une heure. Nous triomphons mais les gens nous font signe qu’un gros rocher bloque la route dans les gorges 5 km plus bas ; no problem, nous passerons bien! après un bon slalom dans la boue, nous voici face au rocher ; c’est un vrai roc de bande dessinée, qui nous contemple du haut de ses vingt tonnes, à gauche 200 mètres d’à-pic et pas 10 cm pour passer, à droite le rocher s’appuie contre la falaise. Nous faisons demi-tour et devons attendre deux jours que l’entreprise qui construit un barrage dégage tout çà à la dynamite.

Ki Gompa
Ki Gompa 4000m, Spiti valley

Like a bridge over troubled waters…

Bien sûr, la route principale est coupée elle aussi, de part et d’autre du croisement, et là, pas question de tomber dans le torrent qui la borde! La seule auberge du hameau étant pleine, je pars repérer un coin pour camper, et nous sommes invités par la charmante famille du maire chez qui nous passons trois jours dans les meilleures chambres, nourris à satiété, et ils refusent tout paiement ; je lui fais cadeau de mon couteau multifonctions avant de prendre congé.  Un premier barrage passé sans difficultés, et nous parvenons à Recong Peo, arrêt obligé pour demander le ‘Inner Line Permit’ car nous allons frôler le Tibet sous occupation chinoise, et les relations sont tendues. C’est aussi le dernier ravitaillement en carburant jusqu’à Kaza dans la vallée de Spiti. Le permis est obtenu rapidement, et le District Magistrate nous autorise même à utiliser le terminal satellite du commissariat pour vérifier nos emails.  Sept kilomètres après Peo, un ravin béant a remplacé la route sur près de cent mètres ; no problem, des réfugiés Tibétains incorporés dans l’armée indienne se portent volontaires pour passer nos motos, sans contrepartie, et nous devons insister pour partager avec eux un thé et des biscuits ; ils nous signalent que l’équipe de France de foot a brandi un drapeau du Tibet lors de la remise de la coupe du monde en 1998, ce qui explique leur enthousiasme, merci les Bleus !

Batal, before ascent to Kunzum pass 4000m
Batal, before ascent to Kunzum pass 4000m

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La ligne de partage des eaux entre la vallée du Kinnaur et celle du Spiti marque la fin des bois de peupliers ; plus d’arbres au Spiti.  Encore un ravin alors que nous approchons de la Chine ; des soldats transfèrent du matériel d’un camion à un autre ; je signale au sergent que les Chinois nous passeraient les motos en cinq minutes, piqué au jeu il décide de nous aider et nous passons en vingt minutes.  Ce sera notre dernier gros avatar jusqu’à Tabo, monastère bouddhiste en adobe de plus de mille ans. Le lendemain, après une traversée mouillée d’un torrent tumultueux, nous filons sur Kaza, le superbe monastère de Ki, perché sur un roc à 4000 mètres, et nous continuons notre ascension jusqu’à Kibber, 4700m, l’un des villages les plus hauts habités en permanence. Nous redescendons dormir à Kaza, séduits par ses petits restaurants qui nous changeront agréablement d’une semaine de lentilles et de riz.  Le lendemain, nous montons vers le Kunzum pass, col enneigé à 4500m, où nous passerons trois heures dans le froid à réparer 5 fois la même crevaison!  en fait la chambre de rechange n’est pas importée, elle est donc poreuse!  De plus notre joyeux compagnon a roulé 9 km sur ce pneu crevé, lequel a rendu l’âme, et nous finirons par ligoter le pneu sur sa jante avec des bouts de corde, histoire de faire au ralenti les 40km jusqu’au prochain village.  Nous entamons la descente de nuit, traversant gaiement de nombreux torrents, l’un d’eux nous trempera jusqu’aux genoux, mais les bullets s’en tirent bien. Nous atteignons une cabane locale où nous dégustons omelettes et chaïs à profusion.  La nuit est trop noire, nous sommes trempés et transis, le petit dortoir nous tend ses lits.  Le lendemain, après avoir fixé de nouvelles cordelettes autour du pneu fatidique, nous reprenons la piste jusqu’à un arrêt de bus où nous démontons la roue; son propriétaire embarque avec elle dans le car, destination le marchand de pneus de Manali, dans la vallée de Kullu, 50 km au sud du col de Rothang (3700m). 

Himachal, Manali-Naggar
Himachal, Manali-Naggar

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Manali, pimpante cité de villégiature au cœur de l’Himachal Pradesh, est fréquentée par de nombreux touristes Indiens dans sa partie récente, tandis que les pseudo-hippies et voyageurs occidentaux peuplent la vieille ville ; étonnant contraste entre ces bons bourgeois Indiens, proprets et dodus à faire saliver un cannibale, et ces hirsutes aux accoutrements fluorescents qui tirent sur leur chilum rempli de haschisch.  Nous logeons à Vashisht, en hauteur, de l’autre côté de la rivière Béas ; là aussi, un certain mélange des genres, plus les Sadhus, ces moines errants vêtus d’un seul pagne, et qui eux aussi fument le chilum à tout instant, fidèles à la tradition Shivaïte (Shiva aurait passé 2000 ans retiré dans l’Himalaya, à méditer en tirant sur son chilum). Vashisht bénéficie de sources sulfureuses jaillissant à 60° et captées dans divers bassins, dont certains sont réservés à la toilette, d’autres à la vaisselle ou lessive ; il y a au cœur du village un bassin piscine, dont l’eau est changée trois fois par jour, ce que j’apprécie après avoir vu un paysan y laver son mouton..

Quelques jours plus tard, je pars en reconnaissance solo vers le Ladakh.

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Transhimalayenne 5000m
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Transhimalayenne

 

 

 

 

 

 

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Transhimalayenne

 

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